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Une composition influencée par sa formation auprès des cubistes :

Ainsi, l'artiste est sans cesse à la recherche d'arrières plans présentant un intérêt au niveau des textures, des structurations géométriques et des accumulations de signes. Pour cela, Henri Cartier Bresson tire parti de la "Théorie des écrans" de son maître à penser André Lhote. Le principe étant de tester différents cadrages autour de l'arrière-plan choisi. Mais le photographe va encore plus loin dans cette recherche de la géométrie, puisqu'il accorde un soin particulier aux lignes. Il compose ainsi mathématiquement, la trame de ses images. Pour cela, il a recours à l'ouvrage de Matila C. Ghyka, le Nombre d'or.

On remarque dans les oeuvres d'Henri Cartier-Bresson une certaine obsession du cadrage et de la composition. À partir des années 30, l'artiste se forme au côté du cubiste André Lhote. La composition géométrique propre au cubisme est immédiatement appliquée dans les principes de photographies de l'apprenti. 

En 1932, Henri Cartier-Bresson, se met à photographier avec un Leica. Cet appareil 24x36 léger et portatif devient une extension de son oeil. Conquis par le système de visée de cet appareil, il ne le quittera jamais. 

Le photographe Marc Ribaud dit en parlant d'Henri Cartier-Bresson :  

" Il vivait son Leica à la main."

Cependant, pour enrichir son approche et ne pas être tout le temps dans cette recherche mathématique, il se rapproche également des surréalistes. Il réalise alors des collages dans lesquels on peut voir l’influence de Max Ernst. En arpentant les rues, ils donnent « vie » aux objets qui lui « font signe ». Sa manière de les photographier se rapproche de celle d’Eugène Atget.

Henri Cartier-Bresson un témoin-photographe :

Le format rectangulaire de ses images permet de renforcer le dynamisme de ses photos conférant ainsi une dynamique dans ses sujets. De plus, les tirages qu’il affectionne particulièrement sont  effectués sur un papier presque mat qui permet de multiples nuances de gris. Ses photographies sont donc le plus souvent en noir et blanc. Il cherche sans cesse à saisir par une photographie l’essentiel d’une action. C’est principalement pour cette raison que l’on peut dire que son travail en tant que photographe est un témoignage de son siècle. Ne dit-on pas de lui qu'il est « l'oeil du XXème siècle ». Néanmoins, pour l’artiste, le sujet à mettre en évidence de manière constante est « l’homme, l’homme et sa vie si courte, si frêle, si menacée ». 

« Tu comprends, la photographie ce n’est rien, il n’y a que la vie qui m’intéresse, la vie, tu comprends ? », dira-t-il à Vera Feyder. Après s’être essayé au dessin et à la peinture pour témoigner de la vie, son choix se porte sur la photographie. Ce médium, représente pour lui le « dessin en accéléré ».

« J’adore photographier, mais j’ai mes moments de détente. Henri jamais », dit le photographe Marc Riboud à son sujet, « […] il vivait son Leica à la main, de l’aube à la nuit, en chasse perpétuelle. »

« En somme, tu ne travailles pas, dit aussi Riboud à Cartier-Bresson, tu prends un dur plaisir. »

Une influence certaine du mouvement surréaliste :

Il est vrai que la photographie fige les choses et les êtres, elle suspend le temps. Cependant, elle peut être redynamisée par le travail de la composition. Henri Cartier-Bresson va donc mixer ses deux éléments pour créer «  une explosante-fixe » comme le disait André Breton. Il faut avoir en tête que l’œuvre du photographe repose principalement sur une de ses expressions "l’instant décisif". Ce qui intéresse Henri Cartier-Bresson c’est l’instant qui précède la prise de vue et qui va donner naissance à l’évènement sur le point de s’accomplir. Cela permet une certaine participation du spectateur qui à la possibilité d’anticiper, d’imaginer l’action.

 

Mais l’instant décisif n’est pas qu’une question liée à l’évènement, cela va plus loin. Selon l’artiste, elle correspond à la « reconnaissance simultanée, dans une fraction de seconde, d’une part de la signification d’un fait, et de l’autre d’une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait », d’où la magie de cette photographie où tout s’harmonise.

 

De ce qu'il aura appris de ses amis surréalistes, Henri Cartier-Bresson gardera, les motifs et les symboles de leur imaginaire, c'est-à-dire un intérêt pour les visages et objets empaquetés, les corps coupés, déformés, le goût du jeu, du rêve de la déambulation. Une autre caractéristique qu’il reprend aux surréalistes, c’est cette recherche du dépaysement en isolant un évènement de son contexte. Ainsi, le cadrage, par exemple, peut permettre dans ses photographies de créer le mystère. Pour lui, l’image résulte d’un moment unique, où se retrouvent « sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur » (expression, forme et lumière). C’est cette entièreté qu’il entend nous offrir. Recadrer l’image briserait ce qui fait de la prise de vue photographique une « performance ».

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